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Le piège ? - Bernadette - 23/11/2017
Dans le jour naissant, sous un ciel blafard, j’emprunte cette rue étroite, triste et sombre mais qui me permettra de raccourcir mon parcours.
Sous le passage ténébreux à peine éclairé par un unique lampadaire qui verse son faisceau lumineux sur une façade décrépie.
Tout ici évoque la misère. Les pavés humides et glissants dévoilent des immondices échappés d’une poubelle renversée. Quelques affiches décollées jonchent le sol ; une, déposée récemment, propre, attend semble-t-il d’être mise sur le mur, à en juger le balai adéquat posé à ses côtés. Quelques papiers entassés çà et là, une sorte de cahier offre sa page blanche.
Les pavés disjoints, placés sans doute depuis trop longtemps, ressortent dangereusement.
Au-delà de ce porche, faisant un abri, une fine couche de neige recouvre la rue et le trottoir étroit. Contre un mur, un vélo semble abandonné.
Une jeune femme me précède ; elle marche à pas mesurés, sans se presser. Chaudement vêtue, col relevé, mains dans les poches, chaussures fourrées, elle porte un sac à dos assez volumineux. Sa présence en ce lieu me paraît bizarre, que fait-elle dans ce lieu aussi inhospitalier ?
Je regarde les habitations vétustes ; une devanture en fer forgé rouillé s’élève jusqu’au premier étage d’où s’échappent des odeurs de cuisine notamment de poissons frits à l’huile rance. On devine des logements précaires, insalubres.
Aucun bruit ne trouble la rue. Deux véhicules arrêtés en vis-à-vis, forcent mon attention, abandonnés par leurs chauffeurs. Cependant, trois hommes sur l’étroit trottoir marchent en file indienne ; ils parlent bas, leur conversation est inaudible ; Voyant arriver la jeune femme, ils s’engouffrent dans une maison dont la porte entr’ouverte leur en facilite l’accès !
Je presse le pas, dépasse la passagère ; j’ai hâte de quitter cette rue à l’atmosphère lourde, feutrée où un piège semble être tendu.
Bernadette - 23 novembre 2017.
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