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Victor - Bernadette - Mars 2018
Récit autour de trois phrases :
- En commençant : « Je m’appelle Victor, je suis haï de tous »
- Au milieu du récit : « Je me dis qu’il faudrait en finir »
- En terminant : « à présent, il est trop tard »
« Je m’appelle Victor, je suis haï de tous ». Ce prénom que je n’ai pas choisi, m’a été infligé, il s’est imposé à moi ; j’en voulais à mes parents et j’ai rapidement pensé qu’ils ne m’aimaient pas.
La nature ne m’a pas gâté ; je suis affligé d’une difformité du pied appelée « pied bot ». Mon enfance a été différente de celle des autres enfants. Je regardais mes frères courir, je ne pouvais participer à leurs jeux et me faisais traiter de traînard. Je ne voulais pas leur imposer ma lourdeur et je restais souvent seul.
Mes parents me trouvaient lent, trop lent pour accomplir les gestes quotidiens ; ils m’aidaient bien mais souhaitaient me voir me débrouiller pour m’assurer un avenir qu’ils prévoyaient douloureux pour moi.
Je souffrais terriblement moralement. A l’école, mes camarades se moquaient de moi. La maîtresse pas toujours compréhensive, était sans pitié ; j’entendais ses sarcasmes que je jugeais déplacés malgré mon jeune âge.
J’ai grandi dans l’incompréhension étant bien persuadé que personne ne m’aimait. Le soir, je pleurais dans mon lit. Ma mère que je jugeais sévèrement me priais de cesser les sanglots que je ne pouvais retenir, afin de ne pas réveiller la maisonnée.
Je trouvais un léger réconfort auprès de ma grand-mère que je voyais peu à mon gré et qui me disait qu’elle m’aimait bien et que j’étais un bon garçon. Puis, je retournais à mon chagrin qui ne me quittait plus.
Je suis devenu un grand adolescent que la vie continue de blesser. J’entends les conversations de mes parents avec les médecins ; comment jugent-ils mon cas ? Peuvent-ils quelque chose pour moi ?
Au centre de formation où je suis apprenti, je suis parfois traité de bon à rien sans ménagement ; pourtant, mon cerveau fonctionne bien. Que vais-je devenir ? Conscient de mon handicap, j e me dis qu’il faudrait en finir.
Cependant, je ne veux pas mourir ! Je suis décidé à m’en sortir. J’en fait part à mes parents qui, maintes fois, m’ont parlé d’opération Les médecins à nouveau consultés me laissèrent quelques espoirs. D’examens en examens, je reprenais confiance dans un avenir qui me ferait oublier les vicissitudes passées.
Le jour du grand oral est arrivé ; le verdit terrifiant est tombé par la voix du chirurgien: à présent, il est trop tard !
Bernadette - 15 mars 2018
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