• Je me souviens...du téléphone

    Je me souviens  du téléphone de Madame Gros. Elle était la seule de la rue à être "branchée" parce que son fils travaillait aux PTT. C'est dans sa salle à manger que l'on appelait le médecin ou que l'on prévenait la famille d'un contre-temps obligeant au dernier moment à retarder une visite. C'est chez elle aussi qu'arrivaient les "coups de fil" de correspondants se confondant en excuses pour le dérangement, avec qui elle avait vite fait de lier connaissance. Elle s'empressait alors de "faire la commission" aux intéressés, mais aussi aux commères de la rue, l'information se répendant de façon plus rapide encore qu'avec le téléphone.

    Je me souviens du téléphone de bakélite noire posé sur une petit table du couloir, près de l'annuaire et qui ne semblait se mettre en branle que pour annoncer de mauvaises nouvelles. Dès que son timbre percutant secouait la maison, ma mère se précipitait, affolée. "Oh la-la ! Qu'est-ce que c'est encore ! Que je n'aime pas ça !"

    Je me souviens des cabines affichant laconiquement "en panne" au moment où on en avit le plus besoin, des files d'attente sous les parapluies, tappant des pieds pour lutter contre le froid. Aucune des mimiques du chanceux qui tenait entre ses mains l'appareil magique n'échappait à ceux qui attendaient et y allaient de leurs commentaires. Quelle que soit la personne, cela faisait toujours exactement "deux heures" qu'il ou elle "racontait sa vie".


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