• Rue des Récollettes

    On a meublé le deux-pièces de la rue Vincent Scotto avec ce qui nous est tombé sous la main : matelas pneumatiques, abattant de secrétaire posé sur la valise métallique bleue juste ramenée de la Marine, coussins en gros velours verts cousus à la hâte et bourrés de kapok.
    On y dort pour la première fois dans la canicule de la fin du mois d’août, toutes fenêtres ouvertes.
    Au milieu de la nuit, un énorme grondement nous réveille : on met la tête à la fenêtre de la rue des Récollettes. On dirait que le sol est monté jusqu’à notre premier étage, grande surface blanche presque à portée de main. À côté, des hommes encagoulés de blanc portent sur le dos des cadavres sanguinolents et pénètrent dans des lieux sombres.
    On comprendra plus tard que ce sont des bouchers qui décrochent des carcasses dans un semi-remorque au toit immaculé et les transportent dans les entrepôts des grossistes en viande dont ils ont relevé en arrivant le lourd volet métallique.
    Au matin, on a le sentiment de sortir d’un film d’horreur.

    Jean-Paul


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :