• Une situation

     

    J’aurais aimé que ma mère puisse nous accompagner lors de nos sorties à la plage, mais nous demeurions seuls, Papa et moi, pour savourer ces moments de détente...

    Après une semaine de travail qui ne s’achevait que le samedi à midi, je trouvais Papa bien méritant, pour repartir l’après-midi, oubliant sa fatigue  m’emmener au bord de la mer, il voulait m’apprendre à nager ! Ceci n’était qu’un prétexte, il voulait surtout me faire plaisir.

    C’était certes vrai, j’adorais la mer et cette escapade si elle me remplissait de joie, avait cependant un goût amer, indéfinissable. Malgré mon jeune âge, je souffrais cruellement en préparant nos maillots, serviettes, tout en négligeant ceux de Maman !

    Elle aurait aimé se joindre à nous, mais elle m’avait expliqué que c’était ainsi, que j’étais en âge d’apprendre à nager et qu’elle ne pouvait se joindre à nous. Il fallait garder grand-mère, infirme, clouée dans son lit et qu’elle ne pouvait abandonner.

    Je comprenais cette raison que maman stoïque acceptait de bon cœur. De maman on n’en avait qu’une m’avait-elle dit et il était normal qu’elle fasse ce sacrifice.

    Je ne lui ai jamais plus posé de questions. Mais au cours de ma baignade, je pensais souvent à ma chère Maman demeurée à la maison.

     

    Bernadette - 19 février 2015


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  • CHEWING-GUM

     

    Les angoisses et les frayeurs de la Libération estompées, les villageois se pressaient sur les bords de la route nationale pour acclamer les Alliés. Juchés sur leurs camions G.M.C. ceux-ci répondaient à la foule par des gestes joyeux et des jets de friandises. Quelle aubaine, lorsque nous les enfants, nous pouvions attraper, jetées çà et là, quelques-unes de ces gâteries dont nous étions privés depuis longtemps ; biscuits, chocolats étaient les bienvenus.

    Une gourmandise à laquelle je n’avais jamais gouté s’offrait enfin à moi ; j’en avais tellement entendu parler : «le chewing-gum» ; quelle aventure ! Comment fallait-il s’y prendre pour déguster cette sorte de bonbon sans s’étouffer ? Que de choses étaient dites à son sujet : il ne fallait surtout pas l’avaler, sous peine d’un collage intestinal ou d’obstruction œsophagienne. Tout cela faisait un peu peur et les jeunes enfants n’avaient pas le droit d’y toucher.

    Cependant, je me lançais. Après avoir retiré le double papier qui l’enveloppait, je mettais dans ma bouche cette fine languette qui deviendrait une gomme collante. Certains enfants en mâchaient deux à la fois ; j’ai bientôt compris pourquoi. Avec cette espèce de pâte molle on pouvait faire des bulles qui claquaient pour ceux qui savaient pratiquer habillement cette mastication.

    Il ne fallait surtout pas s’y amuser devant les parents qui trouvaient cela dégoutant. Ils ne voyaient pas d’un bon œil cette friandise qu’il fallait déguster sans ouvrir la bouche et dans des endroits propices sans gêner qui que ce soit. Comment comprendre les soldats qui en mâchonnaient continuellement ?

                Devenue adepte du chewing-gum auquel j’avais pris goût, un an plus tard en colonie de vacances, une fille qui semblait avoir déjà expérimenté ce genre de transformation, nous a suggéré de « mastiquer » quelques grains de blés extraits des épis retirés à même la meule, jusqu’à la disparition totale de l’enveloppe pour en extraire une pâte qu’on ne pouvait qualifier de savoureuse, mais totalement insipide. Satisfaction d’adolescents.

     

    Bernadette - 19 février 2015


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  • MONOLOGUE

     

     Monologue

     

                        

     

             Je crois que cette photo va être réussie. C’est le moment que j’attendais. Léon,  pense que nous y serons tous, la pièce n’est pas très grande, il m’assure que  c’est bon. Tous les enfants sont là à la bonne place. Il aurait fallu retirer les serviettes dépliées,  posées sur la table, cela fait négligé.

     

                Pour fêter ses quinze ans, j’aurais pu  conseiller à Bernadette une autre toilette, cette marinière en tissu écossais n’est pas de très bon goût,   me semble-t-il, un chemisier blanc l’aurait flattée davantage. Enfin, elle n’aurait peut-être pas  accepté mon  point de vue, ce n’est plus une enfant. Elle est gaie, c’est le principal.

     

                Je souris volontiers ; je trouve ma fille jolie et son papa la regarde avec tendresse ;  depuis le jour de sa naissance le temps a passé si vite. Ses frères ne sourient pas, décidemment ils sont toujours sérieux, ils pourraient faire un effort. Heureusement que leurs épouses sont toujours de bonne humeur et leur joie fait plaisir à voir, dommage qu’elle n’est pas communicative. Même Bernard est tout heureux de participer à la fête du haut de ses quatorze mois.

     

                J’espère que notre cousin Léon, prendra une autre photo, au moment du dessert, il faut que le gâteau soit sur la table.

     

    Ce sera un bon souvenir pour toute la famille.

     

     

     

     

     

                              DIALOGUE

     

     Monologue, dialogue - Bernadette - 22/01/2015

     

                           Jojo, tu pourrais faire un sourire ; ce n ’est  pas souvent que nous avons l’occasion de nous faire photographier ensemble. Je suis si fier que tu sois à mes côtés. (Décidemment, ce gamin est toujours aussi bougon,  pourtant il n’a pas mauvais caractère). 

     

                Pépé, j’ai pas envie de me faire photographier avec ton âne ; pourtant je l’aime bien Narcisse ; en plus je me trouve moche, mes chaussettes tombent sur mes souliers, elles ont plus d’élastiques. (Pépé Eugène m’oblige à être sur cette photo. Il va la montrer à tout le monde même à ses amis du Cercle quand il va jouer aux cartes le soir : « regardez mon petit-fils comme il est beau » -tu parles-)

     

                Jojo, fais un effort, ne t’occupe pas de Narcisse qui ne songe qu’à manger dès qu’il arrive au pré. Pour te  faire honneur, j’ai mis ma veste neuve,  ma chemise blanche et même le nœud  papillon. Le décor est joli, les cerisiers sont en fleurs, notre campagne est si belle. (Jojo doit penser que ma tenue est ridicule. Que je suis le patriarche dans son domaine et cela lui déplait sûrement)

     

                Pépé,= je veux pas te faire de la peine, mais sourire, c ‘est plus fort que moi et puis j’ai mal aux jambes et je veux faire pipi. (C’est pour ça que Pépé ce matin a brossé Narcisse, astiqué la charrette ; il aurait pu m’avertir qu’Henri allait nous tirer le portrait).

     

     

     

     

     

    Bernadette -  22 janvier 2015

     


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  • La pierre perdue

     

               L’homme est debout, enveloppé dans un manteau devenu bien trop ample pour lui, son dos légèrement courbé, il paraît sans âge. Visiblement, son regard cherche quelque chose. Il se pose enfin sur un massif rocheux,  une roche bleue que le soleil caresse. La végétation luxuriante cache une entrée qu’il n’a pas oubliée.

     

                Ainsi, tel un film, ses pensées se déroulent ; il revit ses souvenirs lointains mais toujours si présents. Cruelle réalité ou apaisement ?

     

                 Il y a bien longtemps… Jean était un enfant aux yeux pétillants et vifs, révélant une volonté  très  affirmée, bien que naissante.  Ses  parents avaient rapidement décelé chez ce jeune garçonnet, un intérêt marqué pour les mille et une choses qui l’entouraient.

     

                Equipé d’une pelle et d’un râteau, outils quelque peu classiques dans les mains d’un bambin, il creusait des cavités dans le jardin dont il espérait retirer quelque chose. C’était le plus souvent un simple ver de terre ou un caillou plus brillant que les autres qu’il s’empressait de débarrasser de sa gangue terreuse pour le déposer dans une petite boîte qui ne le quittait jamais. C’était, ce qu’il appelait « sa boîte aux trouvailles ». Sa passion naissante le poussait parfois à défoncer une fourmilière qui devait, d’après lui, renfermer un trésor à voir l’allure avec laquelle les occupantes y transportaient leurs fardeaux  très souvent plus lourds qu’elles. Les creux des arbres recevaient également ses visites. Son père et sa mère se demandaient souvent où l’emmèneraient ces investigations. Une pièce de monnaie trouvée dans le sable de la plage de Bandol au cours des vacances, avait suffi à le convaincre qu’il finirait par trouver quelque chose d’intéressant s’il s’armait de patience et trouvait le bon filon !

     

                Ce désir de  « découverte » se développa avec l’adolescence et devint vite une passion.

     

                Dans le secret de sa chambre, le soir il rêvait. La mésaventure d’Edmond DANTES devenu le richissime Comte de     MONTE CRISTO  le fascinait, n’était-elle pas une bonne raison d’espérer ? Pourquoi ne pas s’imaginer égyptologue tels CARTER et CARNAVON, éblouis  devant la tombe de TOUTANKHAMON ? Oh ! certes, il n’en demandait pas autant.

     

                Cependant, un été il décida de jouer à l’orpailleur sur les bords d’une rivière supposée aurifère ; quelques minuscules pépites  l’avaient conforté dans son désir de plus en plus ardent de recherche et de découverte.

     

                Devenu adulte, il décida de s’initier à la spéléologie. Il s’inscrivit dans un club pour y apprendre les façons de procéder, les règles de sécurité qu’imposaient les progressions dans un univers inconnu et hostile.  Les grottes souterraines lui dévoileraient peut-être quelques secrets. S’estimant suffisamment instruit pour affronter cet univers insolite et tout de même dangereux,  un été,  il partit seul vers  une  nouvelle conquête. Il s’enfonça dans un étroit boyau. Il avait prévu d’y passer plusieurs jours, emportant à ce titre,  force  nourriture afin de n’être pas contraint pour une simple question d’intendance, à un repli prématuré. Mais, un évènement qu’il n’avait nullement envisagé se produisit : « la montée des eaux ». Le mince filet d’eau luisant  dans  le canyon devint vite une rivière bouillonnante.  Ne cessant de sonder la roche claire et lumineuse malgré l’obscurité, ses provisions s’amenuisaient autant que ses forces, il entrevoyait une éventuelle mort tout en ne désespérant pas.

     

                Perdant toute notion de temps,  plongé dans une nuit persistante, une faible lueur apparut soudain dans le fond du boyau ; il pensa un instant à une issue salvatrice ou à  une hallucination. En même temps, l’eau de  la rivière rougissait. Il eut le sentiment que quelque chose d’étrange  se passait. Usant ses yeux exorbités, soumis à une obscurité profonde,  il distingua enfin  la silhouette d’un homme. De l’eau jusqu’à la taille, il avançait doucement à la faible lueur de sa lampe frontale, le visage ensanglanté, vraisemblablement à bout de forces. Malgré sa marche lente et difficile, il tenait  hors  de l’eau, serrée contre sa poitrine, une musette. Maintes fois Jean  le vit défaillir,  redoutant à chaque pas une chute qui lui serait fatale.

     

                Il  alla au-devant de l’homme, s’immergeant dans l’eau glacée, les jambes rapidement engourdie. Il l’aida à regagner une dalle plate, le fit allonger et lui apporta les premiers secours. L’homme épuisé, le regard vitreux, dépassant déjà les limites de la vie, lui montra son modeste bagage, lui faisant comprendre qu’il était tout  ce qu’il possédait et qu’il contenait quelque chose de précieux. Quelques instants plus tard, l’homme rendait l’âme.

     

                Après lui avoir fermé les yeux, Jean ouvrit le modeste sac avec un peu de réticence toutefois ; il était déchiré à plusieurs endroits,  sûrement à cause d’une roche  inhospitalière contre laquelle  l’homme s’était vraisemblablement abrité. Son cœur  se mit à battre très fort. Une superbe pierre précieuse de la grosseur d’une noisette brillait de tous ses feux. Une émeraude ! Comment celui qui venait de passer de vie à trépas, avait pu arracher à la roche un tel trésor ?

     

                Jean,  sans se l’avouer, éprouva un sentiment étrange. Rêvait-il ?  Comment allait-il justifier une telle trouvaille ? Allait-il cacher la vérité ?  Lui qui n’avait pu durant sa vie au cours de  ses maints périples, dénicher quelque chose qui aurait pu récompenser ses efforts ? Ce trésor ne lui appartenait pas. Comment pourrait-il s’approprier ce cadeau qu’il ne méritait pas.  Le découvreur devait avoir une famille ; on pourrait sans nul doute la retrouver lorsque les gendarmes auraient enlevé le corps. Encore faut-il que le niveau de l’eau baisse songeait Jean. Il était tenté de s’approprier  ce caillou ; après tout, personne n’en saurait rien. Sa tête lui faisait mal ; ses oreilles bourdonnaient. Il se noyait dans des pensées tantôt optimistes, tantôt macabres.

     

                La décrue s’amorçait.  Peu à peu le niveau de l’eau baissa  faisant  espérer à Jean une sortie possible.  Le silence était pesant, difficilement supportable, seul un torrent impétueux faisait  entendre son grondement sourd. Jean prit enfin le chemin du retour. Toujours accablé par  mille pensées, ne sachant quelle décision prendre, il avançait péniblement vers une sortie  encore hypothétique.

     

                La besace refermée, Jean poursuivit sa lente progression. Soudain, dans la pénombre, il heurta un  énorme caillou  qui le déséquilibra, lui faisant lâcher le précieux fardeau  qui roula dans le torrent !

     

                Jean épuisé, sortit enfin de la caverne. Les gendarmes alertés s’occupèrent du malheureux demeuré à l’intérieur.

     

                Jean n’a jamais rien découvert. Sa passion demeura inassouvie.  Il garde pour lui cette aventure qu’il juge douloureuse et  dont il ne dévoila jamais l’existence ?  Voilà pourquoi il revient parfois rêver devant l’entrée de la caverne. Maintenant,  trop âgé pour tenter une nouvelle expédition, il pense que cette aventure l’a pourtant aidé à poursuivre une existence où rien n’est jamais acquis ! La grotte renferme sûrement d’autres trésors mais garde désormais  son  mystérieux secret.

     

    Bernadette  -  4 décembre 2014

     


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  • Pas Ouadane - Jean-Paul - 19/11/2015L’oasis de Ouadane aurait dû être en vue depuis une bonne heure. Le départ avant l’aube était censé permettre une arrivée avant les heures les plus chaudes de la mi-journée. Après les dernières dunes, la ligne verte des palmiers devait se dessiner au fond d’une zone plate qui ne demandait qu’un couple d’heures pour la traverser. Mais en fait de palmiers c’était à nouveau des dunes qui se profilaient. Le milieu du jour était maintenant passé, des flots d’air chaud se déversaient sur les marcheurs, caramel bouillant sur une pièce montée, engluant leur marche, épaississant leur sang, alourdissant leurs pieds qui se posaient maladroitement sur les rides de sable rouge. Le sable s’ouvrait et semblait vouloir les avaler comme une bouche avide qui engloutirait des fruits arrachés à l’arbre. Chaque pas devenait un combat contre un sol qui se dérobait, les grains de sable fuyant tels des fourmis dérangées par un bâton fouaillant la fourmilière. Les marcheurs devaient lutter de plus en plus pour s’extraire de ce sol qui semblait vouloir les retenir, se faisant glue emprisonnant les pattes fragiles de l’oiseau. Le sable aussi fin que du talc profitait de chaque chute pour s’insinuer sous les vêtements, dans les chaussures et dans chaque creux des corps, se collant à la sueur pour former une couche de papier verre érodant les peaux jusqu’au sang. Bientôt se lèverait le vent, l’horizon s’obscurcirait, tout disparaîtrait dans un nuage épais qui ensevelirait les corps épuisés sous un linceul rouge.

     

    Jean-Paul - 19 novembre 2015


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  • Misère ! - Jean-Paul - 05/11/2015Misère ! Misère ! Est-ce que j’ai l’air d’une misère ? De quel droit ce nom méchant ? Est-ce que je les appelle asperge, bouboule ou plein d’poils ? Je t’en ficherais, moi, des misères ! C’est parce que je me contente de peu ? Quelques gouttes d’eau, un peu de lumière et hop, je m’élance à la va comme j’te pousse, je me glisse, me faufile, m’insinue, me fraie un chemin, m’installe, écart tout autour de moi. Quand je suis née, au bas de ce mur gris, on ne donnait pas cher de ma cosse. Et puis j’ai aperçu un point de lumière vers lequel j’ai rassemblé toutes mes énergies. Je savais que j’étais différente, que j’avais un destin, que je n’allais pas rester dans l’ombre ! Millimètre par millimètre, j’ai progressé jusqu’à pouvoir relever la tête fièrement et déployer ma vraie nature. On m’a longtemps ignorée. Les ignorants ce sont eux, qui passent sans me voir. Il m’a fallu encore progresser, grandir, m’élever vers ce bleu au-dessus de tout. J’ai résisté aux chaleurs, aux chiens incontinents, aux insectes affamés, aux gaz d’échappement de ces monstres sur roues. J’ai su attendre les pluies qui m’ont lavée de toutes les flétrissures et m’ont donné à chaque fois un nouvel élan. Jusqu’à ce matin où s’est arrêté devant moi ce type avec son cahier à la main qui m’a regardée et a écrit dans son cahier en disant « Tiens, une misère ! ».

     

    Jean-Paul - 5 novembre 2015


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  • NATHALIE KUPERMAN : LA VIE SAUVAGE

    ECRIRE LE MODE D’EMPLOI D’UN APPAREIL INVENTE

    Un appareil qui permet de retrouver un objet égaré : lunettes, voiture sur le parking, clés…….

     

    L’ appareil ONCHERCHPLU   est vendu dans tous les magasins fournisseurs d’objets de la vie domestique d’utilité culinaire, de loisirs, de confort…

     

    Il se présente sous la forme d’un boîtier à plusieurs touches : chacune d’elle portant une étiquette : le nom de l’objet à trouver.

    Il est équipé d’une pile Jelé vendue à part dans le magasin.

     

    UTILISATION

    Permet de retrouver un objet égaré, soit à l’intérieur de l’habitation (touche DANS) soit à l’extérieur (touche HORS) dans un rayon de  100M

     

    PREPARATION DE L’APPAREIL

    Inscrire le nom de l’objetl à trouver sur chaque étiquette : 1 nom par étiquette.

    Glisser l’étiquette dans l’emplacement prévu au-dessus de chaque touche.

    L’appareil peut contenir 10 étiquettes.

     

    MISE EN MARCHE

    Cliquer sur la touche BON : un voyant vert s’allume.

    Cliquer sur l’étiquette portant le nom de l’objet à trouver.

    Cliquer sur la touche JV : une flèche vous indique la direction à prendre. Suivez-la.

    Quand l’emplacement est trouvé, la flèche  est remplacée par un rond vert : l’objet à trouver est là.

     

    IMPERATIF

    Pour que l’appareil soit efficace, il faut que chaque objet répertorié soit muni d’une pastille autocollante MOI à fixer sur n’importe quelle partie de l’objet (ou de la personne, éventuellement) à rechercher.

     

    REMARQUE

    S’il y a eu erreur sur l’étiquette choisie ( clés au lieu de lunettes ; André au lieu de Line ..) cliquer sur la touche NON et recommencer en suivant AVEC ATTENTION les consignes données précédemment.


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  • Vous venez de faire l’acquisition des Vacushoes et nous vous félicitons de votre choix. Vacushoes va vous permettre de garder votre sol propre tout en vous évitant la corvée de l’aspirateur.

    Vérifiez tout d'abord le contenu de votre coffret Vacushoes. Vous y trouverez :

    • une paire de chaussons réglable du 36 au 44 ;
    • deux embouts suceurs ;
    • deux embouts brosseurs ;
    • deux embouts de précision ;
    • deux embouts polyvalents ;
    • un tuyau en Y ;
    • une centrale d'aspiration portable avec sangles réglables ;
    • un chargeur ;
    • un support de rangement fixable avec ses vis (chevilles non fournies, à adapter en fonction du matériau de votre support de fixation).

    Déballez la centrale. Branchez le chargeur sur le secteur (220 - 230 v) et l'extrémité du cordon sur la prise de la centrale. Une première charge de 4 heures et nécessaire avant utilisation. Quand la centrale Vacushoes est chargée, le voyant passer du rouge au vert. Vous pouvez à présent utiliser Vacushoes. Branchez l'embout bleu du tuyau en Y sur l'orifice bleu de la centrale en tournant d'un quart de tour dans le sens des aiguilles d'une montre. Branchez les deux embouts vers du tuyau en Y sur les orifices verts des chaussons. Réglez les chaussons à vos pieds en soulevant la languette puis en faisant coulisser la partie avant du chausson jusqu'à la butée des pieds. Rabaissez alors la languette . Répétez l'opération pour l'autre pied.

    Branchez l'un des embouts fournis à l'avant d'un chausson. Vous pouvez indifféremment utiliser deux embouts identiques ou différents en fonction des travaux que vous souhaitez réaliser.

    Personnellement, je me passerais bien de ces corvées. Je ne suis pas allergique, du moins pas à la poussière. Et je supporte bien la présence et la vue de quelques moutons sur le sol. Je dirais presque qu’ils me tiennent compagnie. Mais la mère de Nathalie est beaucoup plus à cheval sur la propreté que moi, et Nathalie m’a clairement expliqué que le ménage m’incombait, dans la mesure où elle se chargeait des courses et de la cuisson de l’agneau.

    Vous pouvez maintenant passer la centrale sur votre dos en enfilant vos bras dans les sangles réglables. Ce truc pèse un âne mort et les sangles me cisaillent les épaules. Adaptez les sangles. Oui, il vaudrait mieux. La centrale doit être fixée fermement contre votre dos mais sans serrer. Je vois mal comment fixer fermement sans serrer. Je vais finir par réveiller mon lumbago et dimanche j’aurai l’air d’un petit vieux devant mes beaux-parents. Déjà qu’ils supportent mal que leur fille ait épousé un homme ayant quinze ans de plus qu’elle, s’ils me voient à moitié coincé, je ne vais pas marquer des points. Enfilez les deux chaussons en laissant le tuyau en Y derrière vous. Démarrez Vacushoes en tournant l'interrupteur situé sur la partie inférieure du côté droit de la centrale. L’interrupteur a trois positions :

    0                  -        Arrêt

    1                  -        Aspiration légère (poussière)

    2                  -        Aspiration moyenne (poussière et petits déchets)

    3                  -        Aspiration forte (tapis et moquette).

    Vous êtes à présent prêt pour aspirer. Déplacez-vous simplement sur la surface à nettoyer en faisant de petits pas, parcourez toute la surface, enfoncez les embouts suceurs sous les meubles et dans les angles, frottez vos embouts brosseurs sur les tapis et les moquettes. Lorsque le travail est terminé, libérez-vous des sangles et reposez Vacushoes sur son support.

    Pour vider la centrale sans sac, reportez-vous à la section III.

    Nous vous souhaitons une bonne utilisation de Vacushoes qui vous libère de la corvée de l'aspiration.

     

    Jean-Paul - 15 octobre 2015


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  •                  LA BETISE                 LA BETISE

    Bélinda CANNONE : « La bêtise s’améliore »

     

    OXYMORE : silence assourdissant

                            Inertie galopante

    Entendu aux Infos :

    L’expression : » un cœur ferme » lancé par le chef du gouvernement est un oxymore insupportable.

     

                                      LIEUX COMMUNS

     

    Il lui a manqué quelques bonnes tapes au cul à celui-là ! ça lui aurait appris à marcher droit !

    Il t’a dit ça ?! Où tu as vu ça toi ; de mon temps, jamais on aurait dit des choses pareilles à ses père et mère. Et toi, tu le laisses dire.

    Et ton petit, il fait ce qu’il veut, alors.

    Tu lui fais confiance, tu dis. Nous on faisait confiance à Dieu, à la Bonne Mère.

    Et lui, il part, comme ça, une main devant, une main derrière.

    Et tu sais pas où : à l’aventure !!!

    Nou, quand on partait pour l’été à Gèmenos, on allait dire au revoir à la famille.

    Et lui, il sait où j’habite.

    -Ah ! c’est toi, mon petit, tu pars quand ?...Comme, tu pars pas …tu as pas eu le visa ? qué visa ?...

    Mon grand père, quand il est parti de Bellino, en Italie, le sac sur le dos il avait et de bonnes jambes pour marcher jusqu’à Marseille. Et toi, il te fallait le visa, pour monter te carrer dans l’avion.

    Ah ! qué faineants, ces jeunes d’aujourd’hui. Et tu vas me dire qu’il te fallait aussi plusieurs billets dans le portefeuille. Mon grand père, quand il avait sué toute une journée pour ramasser les pommes de terre chez le paysan qui avait bien voulu l’embaucher, juste quelques sous dans le porte-monnaie il avait pour continuer la route.

     

    Et il a continué et il est arrivé.

     

    Ah ! elle est belle la jeunesse !-

    -

     

    -


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  • Je veux vous parler franchement, d’adulte à adultes. Il y a des moments où l’on ne peut plus se voiler la face, ni tourner autour du pot. Je sais que nous n’avons pas toujours été d’accord, et d’ailleurs ce n’est pas foncièrement anormal. Mais je sais pouvoir compter sur votre sens des responsabilités et votre capacité à entendre des vérités, même si au premier abord elles peuvent vous déplaire. Nous sommes ici pour réfléchir ensemble aux solutions qui nous permettront de surmonter nos difficultés actuelles. J’ose espérer que nous avons tous à cœur la volonté de dépasser nos antagonismes archaïques et d’imaginer de nouveaux dispositifs capables d’entrainer la mobilisation de toutes les énergies positives de notre communauté. Je connais comme vous les immenses compétences qui existent en notre sein ; je sais comme vous qu’elles sauront se déployer au service de notre projet ; je veux comme vous que chacun trouve sa juste place dans le nouvel élan que j’appelle de toutes mes forces. Je suis persuadé comme vous qu’en nous appuyant les uns sur les autres nous parviendrons à sortir du marasme actuel pour nous engager résolument sur la voie de la réussite.

     

    *

     

    Le PDG a levé les yeux sur la salle. La trentaine de membres du Comité d’entreprise se demandait où il voulait en venir. Les élus CFDT prenaient fébrilement des notes en pensant déjà au dossier qu’ils allaient étudier de près et aux arguments qu’ils allaient élaborer pour convaincre les actionnaires qu’il fallait faire les choses en douceur. L’élue de la CGC hochait la tête de bas en haut et de haut en bas en se disant que pour une fois elle entendait un discours responsable qui laissait augurer une réelle prise en compte des compétences de l’encadrement. Le représentant de la CGT recherchait dans son ordinateur le tract qu’il avait écrit il y a quatre ans, lors du dernier plan social, en se disant qu’il pourrait le ressortir dès le lendemain.

     

    Jean-Paul - 17 septembre 2015


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  • Un jour, elle rencontre son amie Carmen :

    -Eh!Amélia! tu viens à la fête organisée par l"'association des Espagnols d'Aubagne ? C'est Dimanche.

    -Oh! dommage ! mais Dimanche nous partons en randonnée avec Emilien et  d'autres copains.

    Mais je le dirai à mes parents. Ca leur plaît, ces fêtes qui leur rappellent leur jeunesse en Espagne. Ce sera l'occasion pour eux de raconter les évènements que leurs familles ont vécus après 1936. Ils ne peuvent pas s'en empêcher.

    - C'est vrai ? Ce serait intéressant qu'ils nous en parlent, à nous qui sommes loin de ce temps et de ce pays.

    Et s'ils venaient au Cercle ? On pourrait organiser une soirée avec une causerie et un moment de musique.

    ................

    Encore quelques lacets dans le sentier qui grimpe au milieu des argeras et on arrivera au Monument des Marseillais pour la pause.

    Emilia s'assoit à l'ombre, loin du groupe. Elle pense à la proposition de Carmen, de faire venir au Cercle, ses parents pour parler des évènements que leurs familles ont vécus en 1936.

    A la maison, quand la conversation arrive sur le sujet, et c'est souvent, sa mère met fin au chapitre en disant :

    - Et tu sais pas tout! Il y a quelqu'un ( cet assassin) dans le village qui pourrait te raconter...

    Jamais personne n'a pu obtenir d'elle d'autres précisions :

    tu ne sais pas tout ?... qui est ce "quelqu'un" dans le village, qui sait?...

    Est-ce qu'à la soirée du Cercle, elle en dira un peu plus?...

    ...Il y a du monde, au Cercle. Plusieurs familles de réfugiés espagnols sont curieux de connaître cette page de leur histoire.

    Et les questions fusent :

    - Comment s'appelait votre village ?

    - Rosas.

    - Ca, par exemple ! Mais c'est ce nom qu'il disait, le vieux José !  Même qu'on plaisantait : facile à retenir, le nom de ton bled : rose...pas loin de la frontière : on peut y aller facilement...

    Une vieille institutrice qui avait connu le vieux José comme parent d'élève, avait alors raconté :

    - Il me disait : moi, sans être allé à l'école, je suis sûr que je gagne plus que vous avec toutes vos études.J'ai, dans un petit village, en Espagne, des terres qui me rapportent bien : les  révolutionnaires ont bien servi ma famille au moment du partage des terres ; elle en a même eu plus que sa part!! et comme les titres de propriété ont brûlé, personne viendra me les réclamer ...et il riait!!Maintenant, il doit avoir plus de 90 ans. Je crois qu'il ne sort plus.

    Le feu aux poudres, qu'elle venait de mettre là, la vieille instit ! et les questions qu'aussitôt l'anecdote avait fait surgir : le nom de la propriété ? le nom du propriétaire précédent ? A partir de ce soir-là il n'y eut plus, dans la famille Durand- Hernandez, il n'y eut plus qu'un projet : aller à Rosas, à la mairie de Rosas, au cadastre de Rosas, aux archives de Rosas et arriver à savoir.

    Et le projet s'organisa : les vacances étaient proches ; il y avait, encore, à Rosas, une vieille tante pour l'hébergement. Les parents d'Amélie préférèrent attendre à Gèmenos.

    ...A Rosas, à la mairie :

    - Vous savez, les titres de propriété ont, pratiquement, tous brûlé. Il en reste quelques-uns dans cette armoire.

    - Est-ce qu'on pourrait...voir ?

    - Oui, bien sûr. Je vais vous aider. C'est comment le nom de la famille ?

    - Vargas. Le prénom d'un des héritiers serait José.

    - Je crois que j'ai trouvé : il y a Juan Vargas à qui deux lots ont été attribués ( c'est étonnant) dont un avec une maison portant le nom de Casa Del Sol  appartenant à Pablo Hernandez.Il n'y a pas d'adresse pour le propriétaire suivant.

    Alors, là, l'émotion explose! Combien de fois a-t-elle entendu ce nom de Casa Del Sol dans la bouche de sa grand mère comme celui d'un paradis perdu. Amélia ne fait que sangloter dans les bras de son mari. C'est lui qui va continuer à questionner:

    - Comment faire pour que cette propriété soit restituée à la famille Hernandez ; nous connaissons l'adresse du propriétaire actuel.

    - Ah! bon! s'exclame l'employé de mairie, interloqué.

    - Il y a une procédure à suivre avec un notaire ; longue ; difficile.

    ...Emilien a une amie, notaire qui leur indique les démarches à faire avec les titres de propriété, avec, en premier, une première entrevue avec José Vargas et une signature à obtenir de lui.

    Evidemment, le vieil homme ne veut rien entendre malgré la demande de plus en plus musclée de Robert qui le bousculerait volontiers si Amélia ne le retenait pas.

    Bousculé, oui, au point d'être transporté à l'hôpital, le lendemain.

    - Nous allons à l'hôpital, dit Robert. Je vais lui tenir la main, tu vas voir.

    C'est l'infirmière qu'ils voient venir à leur rencontre :

    - Monsieur Vargas vient de décéder.

    - Il a des héritiers ; on va les trouver, affirme Amélia.

     

     

     


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  • A trente cinq ans, Amelia Durand  est une belle jeune femme aux cheveux noirs et aux yeux verts.

    Elle est née à Aubagne ; ses parents sont espagnols.

    Elle est d'un tempérament dynamique ; elle est active, entreprenante ; elle aurait même tendance quelquefois à être curieuse, même indiscrète ; un peu "pipelette" par moments.

    Elle est venue habiter à Aubagne après son mariage avec un Marseillais, employé de bureau, rencontré à une St Eloi à Gèmenos.

    Elle aime beaucoup ce village : ils y viennent souvent : elle, son mari et leur fils de huit ans.

    Ils y restent même quelques jours, en été, au camping La Bergerie : assistante à l'école maternelle de la Perussonne, elle a des vacances.

    Elle vient, aussi, voir ses parents à Roquevaire. Les visites sont parfois animées; les discussions vives uand les évènements de 1936 en Espagne sont évoqués. Son père se dit toujours Républicain et la haine de l'Eglise qui a béni tous les massacres est toujours aussi violente.

    Amélia, marquée par cet héritage, est foncièrement anticléricale et a refusé de faire donner à son fils une éducation religieuse malgré le souhait qu'en avait manifesté le père.

    Amélia est heureuse.

    Elle aime chanter, danser...

    Elle se régale de partir en randonnée avec son mari et des amis excursionnistes dans les collines et les calanques.


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  • Les deux hêtres - Jean-Paul - 09/04/2015Une fois encore ses pas ont porté Victor aux Deux hêtres. Une fois encore il s’arrête et regarde le banc, vide une fois de plus. Il n’ira pas plus loin, il ne m’assiéra pas sur le banc. Il a cessé de pleuvoir mais les nuages ont enveloppé le tertre, l’isolant de la ville en contrebas. Les bruits parviennent à peine jusqu’ici, comme s’ils avaient traversé des masses de coton. Victor ne fera pas le tour du hêtre de droite, il ne passera pas les doigts dans les traces qu’ils avaient gravées, à peine sensibles, presqu’effacées par le temps. Il ne repensera pas à ces après-midi passés avec C., à tous les livres qu’ils ont lus ici, elle allongée sur le banc, la tête reposant sur ses genoux, ses boucles brunes étalées. Ils échangeaient les livres après les avoir lus, frissonnant de plaisir quand des passages arrachaient à l’un des rires et des larmes, là ils en avaient pareillement arrachés à l’autre.

    Un jour le banc est resté vide, C. n’est plus revenue ; elle est partie rire et pleurer avec un autre. Victor ne lira plus jamais sur le banc sous les deux hêtres.

     

    Jean-Paul - 9 avril 2015


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  • Pessimisme

     

                Le ciel maussade, d’un gris plombé présageant un orage, n’est pas digne d’un après-midi d’été tel qu’il l’a souhaité.

                Au milieu de la vaste prairie, deux grands hêtres dont les feuilles agitées par le vent, émettent une musique austère que l’homme assis sur l’unique banc en bois, n’a pas invitée ; elle est lancinante, triste comme lui.

                Un bouquet de fleurs posé à ses côtés laisse présager qu’il attend une femme en laquelle il veut encore croire.

                Les minutes s’égrènent, il se rend à l’évidence, elle ne viendra pas.

                Avec la première ondée, la prairie semble lavée de sa couleur, il la voit jaunissante.

                Ce paysage sans relief verdoyant, sans ruisseau, augmente sa mélancolie. Il pleut aussi sur son cœur mettant un point final à une idylle qu’il croyait éternelle.

     

     

    Optimisme

                Dans ce désert de verdure sans relief, deux grands arbres aux feuilles bruissantes sous la brise légère composent le décor. Sur l’unique banc de bois, un homme est assis. Il est heureux.

    Le ciel gris ! il ne le voit pas, le décor pour lui est romantique. Il attend celle qui lui a donné rendez-vous dans ce lieu insolite, dépouillé, propice à une rencontre hors du temps.

    La prairie jaunissante, lui apparaît soudain fleurie, comme dans un mirage. Il sait que la jeune femme va venir, elle l’a promis, il s’en réjouit.

    Ses regards se portent dans le lointain. Sur un petit sentier en partie dissimulé sous quelques futaies, il devine la silhouette élancée de celle qui va s’avancer vers lui. Soudain, un rayon de soleil perce les nuages pour l’accueillir.

    Même si elle est encore éloignée, il connaît les sentiments qui vont la pousser dans ses bras dès son arrivée. De ça il est sûr.

     

    Bernadette – 9 avril 2015


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  • Les camarades de l’organisation s’étaient donnés à fond durant les quinze jours précédant le meeting pour attirer les travailleurs de la zone. Le jour dit, ils avaient décoré la salle prêtée par la Mairie communiste, dressé des tables chargées de brochures, de sandwiches et de boissons, branché une sono et accroché une banderole derrière la tribune : « Pour l’unité ouvrière. Pour un gouvernement des travailleurs ! »

    A dix-neuf heures, après une demi-heure de vaine attente, il fallut se rendre à l’évidence : une seule personne extérieure à l’organisation avait pris place sur une chaise du fond. Salopette bleue élime, casquette avachie, la cinquantaine bien tassée. Le secrétaire de section refusa d’annuler la réunion, au motif qu’il était hors de question de décevoir ce travailleur qui avait pis la peine de se déplacer. Il parla une bonne demi-heure des tâches historiques qui attendaient les travailleurs et de la nécessité de construire le parti révolutionnaire pour instaurer un véritable régime socialiste. Puis il céda la parole au public. Les regards se tournèrent vers l’homme, resté impassible sur son siège et qui ne semblait en aucune façon disposé à rompre le silence qui s’était installé. Il se leva au bout d’un moment et s’approcha du camarade assis derrière la table aux brochures et lui demanda à voix basse : « Dites-moi, y a le Parti communiste, et vous vous êtes la Ligue communiste. C’est pareil ?

    - Non, répondit l’autre, se préparant à dérouler toute son argumentation sur le stalinisme, le révisionnisme et le réformisme.

    Mais le type l’interrompit : « Ah, voilà ! » Et il ajouta : « Faites-moi signe quand vous aurez tout rangé pour que je puisse fermer. »

    C’était le gardien de la salle municipale.

     

    Jean-Paul - 26 mars 2015


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  •  

    Dans le train qui m’emmène à Paris, j’occupe la place que j’ai réservée dans le fond du wagon.

     

                Un malotru, monte en hâte à la station suivante. Hirsute, crasseux, sans gêne, il dépose son bagage à mes pieds, épargnant tout juste mes orteils.

     

                Il se dirige précipitamment vers les toilettes. Celles-ci occupées, il revient, traverse le wagon en courant, heurte le contrôleur qui lui demande son titre de transport. Il ne peut l’entendre, encore moins l’écouter, telle sa détermination est grande et son inquiétude  croissante.

     

                Il se rend dans la voiture suivante, prêt à aller jusqu’à la tête du train si vraiment il le faut, pour satisfaire un besoin que les voyageurs soupçonnent.
                Vraisemblablement, il n’a pas trouvé ce qu’il cherche, puisqu’il revient aussi vite qu’il était parti.

     

                Enfin, il disparaît vers sa destination première. Les voyageurs sont rassurés. Il paraît apaisé ; d’ailleurs le bruit d’une porte les conforte dans cette idée.

     

                Il ne reviendra jamais ! La porte ouverte donne sur la voie !

     

     

      Bernadette  -  26  mars  2015


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  • La fontaineLa fontaine représente une coupe. Pourquoi ?

    Peut-être est-ce en souvenir d'un banquet de la St Eloi ? de l'inauguration de la place Clémenceau ? de l'armistice de 1918 ? de la nomination à un poste important d'une personnalité de la commune ?

    Bref, l'eau a coulé.

    Au fil des ans, les minuscules graines apportées par le vent ou déposées par les oiseaux se sont agglutinées dans les minuscules creux de la pierre et ont fait naître une jolie mousse verte.

    Au bout de plusieurs décennies la jolie mousse verte a coiffé la fontaine et recouvert la coupe.

    "Qu'on la rase! a prdonné l'élu chargé de l'eau à la Municipalité. Je veus retrouver ma jeunesse et le souvenir des coupes pleines que nous vidions à la fin des banquets.

    Ainsi fut fait.

    Qui verra, de nouveau, dans plusieurs décennies la jolie fontaine moussue ?

    Pas nous!!!!!!


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  • Quand j’ai eu onze ans, je suis devenu fou. C’était après mon opération de l’appendicite, une anesthésie un peu violente au penthotal et hop, j’ai basculé dans l’âge de la folie. Un psychiatre rencontré à cette époque m’a demandé l’âge que j’aimerais avoir. Quinze ans ! Ça me semblait bien quinze ans, ça faisait grand, tout en restant abordable. C’était l’âge de mon cousin, aussi. Ce devait être une bonne réponse, le médecin eut l’air d’apprécier.

    Avant cela j’avais connu d’autres âges dont je me souvenais et j’en aurais bien d’autres par la suite, évidemment. J’avais eu l’âge de l’oubli, des souvenirs qui s’en vont dans le sable, ne laissant que de rares traces en surface, une assiette purée-jambon haché, un dessin animé sur Télé Monte-Carlo, la petite voisine du rez-de-chaussée avec laquelle je jouais au docteur le jeudi matin. En fouillant dans le sable il arrive que l’on ramène une bribe de mémoire supplémentaire dont il convient de douter tant elle a été érodée par son long séjour en milieu aride.

    J’ai eu l’âge des découvertes, des yeux ronds, des pourquoi, de l’insouciance, des bonbons à 1 centime, caramels à 5 et 20 centimes de boudin noir pour quatre heures.

    Et puis l’âge de la folie dont j’ai refusé de sortir mais qui a connu plusieurs époques. J’étais venu au monde au moment où la télévision faisait son entrée dans les foyers, j’ai grandi avec elle, passant des dessins animés aux feuilletons, des films déconseillés, comme on disait, regardés par un interstice entre deux portes, jusqu’aux campagnes électorales pour lesquelles mon intérêt croissait avec mon âge.

    Jusqu’à ce que tout cela m’ennuie tellement que je n’eus plus envie d’aucun âge et que je mis un terme à cette vaste blague.

     

    Jean-Paul - 12 mars 2015


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  • Il y a bien des choses que je peux accepter de la part d’une femme : la beauté, l’intelligence, le charme, l’humour, la gentillesse. Je ne fais pas la fine bouche devant l’amour irraisonné qu’elle peut éprouver à mon égard. Son appétit pour les réjouissances du corps et pour la bonne chère ne me laissera pas indifférent. On voit par là que je ne suis pas regardant et que ma largesse d’esprit m’amène à supporter les personnalités les plus variées.

    Je montre d’égales dispositions concernant la cuisine, ne m’effrayant pas des expériences les plus osées.

    Mais comme pour tout un chacun, ma tolérance n’est pas sans limites. La récente mésaventure que je connus vient le confirmer. J’avais rencontré une créature tout ce qu’il y a d’attirant, dont la clarté des yeux illuminait la noirceur d’une magnifique chevelure. Passons sur le reste qui ne ferait que vous donner des regrets de ne la point connaître. Après quelques rencontres en terrain neutre, elle m’invita chez elle pour souper. Cela me semblait du meilleur augure. Jusqu’au moment où elle remplit mon assiette. J’y jetai un coup d’œil, posai ma serviette sur la table, me levai et quittai la pièce sans un mot ni un regard : elle avait mis des carottes dans la soupe au pistou.

     

    Jean-Paul - 12 mars 2015


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  • Je ne veux pas être vaccinée contre la poliomyélite ; alors, je décide de m'enfuir.

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    Maman me dit :

    - Nous avons rendez-vous chez le docteur ; il va te vacciner contre une maladie très grave, la poliomyélite.

    Déjà, ce mot entendu pour la première fois, si compliqué à prononcer, ce mot m'effraie.

    - C'est quoi, cette maladie ?

    - C'est très grave ; les enfants qui l'ont ne peuvent plus marcher. Tu vois, il faut s'en protéger.

    - Et qu'est-ce qu'il va me faire le docteur ?

    - Une piqûre pour t'injecter un liquide qui empêchera le microbe de te donner la maladie.

    Le nom de la maladie, la piqûre, le microbe : tout m'épouvante. Il faut que je trouve un moyen d'échapper à cette chose : la vaccination.

    Comment faire ?

    - Allez ; mets ton manteau. Nous y allons.

    ( chez le docteur)

    - Maman, j'ai envie de faire pipi.

    - Va vite ; c'est la première porte dans le couloir.

    Il y a d'autres portes dans le couloir.

    J'en ouvre une : c'est le jardin !

    Maman parle avec une amie qui vient d'entrer dans la salle d'attente.

    Je bondis dehors et je cours. Où aller ? Je cours : la route nationale ; le boulevard de la Forbine ; la maison de tante Jeanne.

    - Par exemple ! où tu vas comme ça ?

    - Maman m'a dit de venir te voir. Peut-être qu'on pourrait aller goûter à la colline ?

    - Bien sûr ; allez, des galettes, des pommes, le panier ; on y va.

    Qu'on est bien dans la pinède, loin du village !

    - On monte encore, tu veux ? on s'assoit là. Raconte-moi une histoire,chante-moi  une chanson.

    - Bien sûr, bien sûr.

    - Dis, ma petite ; le temps qu'on redescende, il fera nuit. Je vais te raccompagner ; je veux pas que Maman te crie.

    Maman? Elle est là, sur le trottoir, en larmes. Papa, Pépé, Marraine, le docteur ; tout le monde nous regarde venir.

    Et le vaccin ? et la polio ?...

     


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