• John chauffeur russe - Bernadette - 5/10/2017

     

     

    JOHN   CHAUFFEUR  RUSSE

     

    Sous inspiration de Max du Veuzit 

     

    Il était beau, racé ; son teint clair, ses yeux bleus, ses cheveux blonds révélaient ses origines slaves.

     

    Arrivé à Paris encore adolescent, il fréquenta collège et lycée, connut même l‘université. C’était un élève brillant.

     

    Son père qui avait quitté son pays pour connaître en France une vie plus facile, n’imaginait pas que celle-ci basculerait aussi rapidement. Après son décès prématuré, John dut arrêter ses études et fut contraint de gagner sa vie.

     

    Il entra au service d’une famille bourgeoise dans une bourgade de province. Il devint le chauffeur de la jeune fille de la maison. Son éducation rigoureuse le fit accepter aisément dans ce milieu qu’il définissait lui-même  de « particulier ».

     

    La demoiselle le trouvait sympathique à souhait, puis au fil du temps elle se prit à l’admirer, il est vrai que son sourire le rendait attachant.

     

    Bientôt, elle en devint amoureuse et lorsqu’il dut s’absenter  quelques temps pour régler des affaires de famille, elle fut terriblement malheureuse. Elle comprit qu’elle l’aimait vraiment !

     

    Jusqu’où irait cet amour ?

     

     

    *

     

     

    Je dois maintenant faire mon entrée dans ce récit, y prendre ma place. Que vais-je représenter pour les participants ?

     

     

     *

     Ce jeune homme, je le voyais tous les jours, je l’avais remarqué. Ses horaires variaient en fonction des occupations de la jeune fille qu’il devait accompagner. Il arpentait parfois le trottoir pour combler son attente. Lorsque sa passagère franchissait le seuil de l’immeuble cossu,  il s’avançait d’un pas assuré, sans précipitation,  ouvrait la portière de la conduite intérieure de couleur sobre mais qui cependant ne passait pas inaperçue.

     

     La demoiselle était belle. Elle regardait cet homme une lueur d’admiration dans les yeux. Elle avait l’âge des premiers émois. Qu’attendait-elle de ce serviteur ? Souhait-elle un rapprochement, serait-il de bon ton dans la société où elle vivait ?

     

    De mon côté, il ne m’était pas indifférent.  Derrière la baie vitrée de la librairie où j’étais employée, je prenais plaisir à le voir évoluer et je dus m’avouer que je le guettais. Parfois, il ne venait pas, alors j’étais triste.

     

    Il venait examiner la vitrine et un jour il entra ! Mon cœur  s’est mis à battre très fort ; il désirait un livre en langue russe. Il revint plusieurs fois jusqu’à ce que je déniche l’objet de ses désirs.

     

    La jeune fille qui avait constaté son manège me remarqua enfin et je compris alors que je lui empoisonnais la vie.

     

    Oui, j’étais amoureuse de cet homme. Comment le séduire ? N’avais-je pas moi aussi droit à un peu de bonheur ?

     

    Il espaça ses visites à la boutique jusqu’à s’en éloigner totalement.  La jeune fille aussi avait disparu.

     

    On  parla d’espionnage. D’un homme à la solde d’un pays étranger.

     

    Je ne le crus pas. Je pensais plutôt avoir joué un rôle dans cette histoire. Un danger réel pour une idylle qui ne me concernait pas. Aurais-je précipité les choses ? Je ne le sus jamais.

     

     

     

    Bernadette – 5 octobre 2017

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :