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Dans la foule
DANS LA FOULE
L’ENTREE DES AMERICAINS A GEMENOS A LA LIBERATION
Des bruits ont couru…
Le vieux voisin du fond du vallon arrive en courant et en criant, tout essoufflé :
- Ils arrivent !!!
- Qui ?
- Les Américains !!!
C’est la Libération.
Nous partons en courant vers la Route Nationale.
Là, alignés le long du bord de la route, les gens du quartier, immobiles, battent des mains, crient, rient.
J’écarte les adultes, grands, pour être devant.
M. X…est tout près de moi. Il ne dit rien, lui.
Je vois un homme qui traverse et qui vient se planter devant lui :
- Aujourd’hui, vous applaudissez les Américains. Vous avez applaudi et accueilli chez vous, les Allemands. Suivez-nous.
C’est, d’abord, le silence complet.
Puis :
-Il l’a bien cherché, ce fumier…
-oh !, y en a eu d’autres, et ceux-là, aujourd’hui, ils restent bien cafournés chez eux ; ils sont pas ici.
J’entends dire qu’on va l’emmener à la mairie et que peut-être, on va le fusiller.
Pour l’heure, je ne sais plus où regarder :
D’énormes machines de guerre, les chars d’assaut, fracassent le goudron dans un bruit de ferraille assourdissant.
Juchés sur ces engins, de jeunes soldats souriants prennent dans leurs mains les bouquets tendus.
Des groupes de jeunes du village, s’agrippent aux marche-pieds ; d’autres marchent à côté des tanks pour les accompagner.
Ma cousine, crie, rit.Un jeune soldat lui tend la main. L’espace d’un instant, elle est sur le char : le temps d’embrasser l’Américain sur les deux joues.
Et elle saute, toute fière, pour reprendre sa place sur le trottoir.
Nous resterons là, heureux, jusqu’au passage du dernier char.
Dans la foule
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